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2023-06-13T08:47:14+02:00

Médecine de ville à Mayenne, beaucoup de questions et peu de réponses

Publié par C. Roger

Signez la pétition de l’UFC-Que Choisir

83 % des Français résident dans un désert médical pour au moins une profession parmi les généralistes, pédiatres, gynécologues et ophtalmologues ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires. Ce chiffre alarmant souligne l’état d’accès aux soins en France…

Si de plus en plus de parlementaires sont enclins à réguler l’installation des médecins pour améliorer l’accès aux soins des Français, le gouvernement, lui, s’obstine à maintenir un inadmissible statu quo.

C’est pourquoi cette année l’association a décidé d’enclencher la vitesse supérieure en attaquant le gouvernement pour inaction devant le Conseil d’État.

Pour soutenir l’action de l’UFC-Que Choisir et exiger une amélioration de l’accès aux soins, nous avons besoin de vous ! Signez cette pétition, et partagez-la massivement.

Le courrier de la Mayenne a publié cette semaine un article sur la médecine de ville à Mayenne, très intéressant notamment dans sa conclusion, celle de la chambre régionale des comptes, tellement prémonitoire de la situation actuelle à Mayenne.
Il reprend aussi des extraits de la lettre ouverte adressée au Docteur Duquesnel, récemment.
Dans mon ouvrage, 20 ans dans la comédie politique mayennaise, ces questions étaient en filigrane. Des extraits sont aussi à votre disposition, au bas de cet article.
 
Votre avis compte !
  • Le sujet vous intéresse,
  • vous vous sentez concerné par le sujet,
  • vous avez un témoignage,
  • vous souhaitez réagir à certains propos, en accords ou en désaccords
  • ...
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  1. L'Article du Courrier de La Mayenne
  2. La lettre ouverte, dans son intégralité, adressée au Docteur Duquesnel
  3. Les députés Garot et Favennec à l'offensive sur la régulation
  4. Extraits sur la médecine de ville,  de l'essai,  20 ans dans la comédie politique mayennaise
Article du Courrier de La Mayenne du 13 juillet 2023

Article du Courrier de La Mayenne du 13 juillet 2023

Notes de la rédaction de Mayenne-Débat (NDLR) à propos des loyers et charges qui seraient "les plus élevés du département, jusqu'à cinq fois plus" évoqués par le Docteur Duquesnel dans l'article ci-dessus du CDM.

Pourquoi la communauté de communes ne publie-t-elle pas ces chiffres, même si ce n'est pas elle qui est le bailleur ? C'est pourtant à elle qu'on demande, à nouveau, d'abonder ces charges pour un pole de santé, qui plus est, libéral. Un tableau comparatif avec d'autres pôles de santé pour des services équivalents serait éclairant.

À titre de première information, le loyer des cabinets médicaux de Mayenne est inférieur à 8 € le m2, par mois ; c'est à dire moins de 400 € par mois pour 50 m2. C'est moins cher, par exemple, que ce que paie, à Mayenne, un étudiant boursier, pour un appartement à l'étage, de 30 m2, sans ascenseur. Son loyer est supérieur à 300 €.  10 € le m2, c'est aussi ce que paient les médecins de Craon pour leur cabinet au pôle santé.
Toujours sur le sujet des Finances, la question du revenu des professions médicales : pour en savoir +

et au Docteure Heurtault-Renaudier, Gérants associés du pôle de santé de Mayenne communauté

Si vous voulez la télécharger et/ou l'imprimer, cliquez ICI

Docteurs,
Le constat récent du Docteur Duquesnel, sur la médecine de ville à Mayenne, m’a interpellé et alarmé, notamment ces deux extraits :

  • « Ce sont les pires conditions d’exercice de ma vie », …
  • « Deux fois plus de médecins pour cent mille habitants dans le sud Mayenne que dans le Nord

Tout récemment par exemple, l’arrêt d’activité du docteur Viguier à Mayenne a laissé plus de 2.000 patients sans médecin traitant, le pôle santé en ayant repris très peu. J’en fais, à titre personnel, partie.

D’autres départs sont annoncés, les perspectives ne sont donc pas du tout réjouissantes pour les habitants de Mayenne-Communauté. De fortes attentes déçues ! Ces projections contrastent avec des annonces dithyrambiques et de séduisantes promesses qui avaient précédé la mise en place du pôle santé, et dont, Docteur Duquesnel, vous avez été l’un des principaux promoteurs et êtes aujourd’hui gérant-associé :

  1. Chronologie synthétique des promesses sur le pôle santé,
  2. Pourquoi autant d’annonces, non suivies d’effet ?
  3. Une situation qui se dégrade rapidement
  4. Quelles solutions ?
  5. Le pôle de santé, un demi échec ?
  6. Historique du pôle santé

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Chronologie synthétique du pôle santé, Rétrospective :

Principaux promoteurs du pôle santé Docteur Duquesnel, médecin généraliste, Gérant associé du pôle de santé, président national des généralistes de la CSMF. Les présidents de
Mayenne-communauté
Gérant, Associé : M. DUQUESNEL

Président : M Angot

2012 – 2019

 

Le temps des promesses fortes

« Le pôle santé devrait donc faciliter ce travail en réseau. Il abritera la maison médicale, un cabinet d'une dizaine de médecins où un médecin sera de garde pour gérer les urgences et soulager celles de l’hôpital.

 

Le fait de nous regrouper facilitera beaucoup les choses. Le pôle santé va nous permettre de mieux anticiper, notamment les départs à la retraite. Et peut-être nous rendre plus attractif pour de jeunes confrères. »

« À ma connaissance, c'est le plus gros rassemblement de professionnels au niveau national », conclut-il.

 Treize cabinets de médecins généralistes seront rassemblés entre ses murs, au premier étage, à côté de cinq cabinets infirmiers. »

Après « 10 ans de travail », le Pôle santé de Mayenne communauté est terminé. « C’est une structure unique qui attire déjà les professionnels de santé ».

 Et pour l’inauguration, … Michel Angot a même invité le président de la République, la ministre de la Santé … « C’est l’aboutissement de dix ans de travail. C’est un pôle unique dans la région

il convient de dire que collectivement nous sommes fiers de ce projet.

le pôle ne nous a ramené aucun médecin, il s'agit uniquement de déménagement au Pôle. A cette remarque souvent faite, le président de Mayenne Communauté estime : "On en a un ou deux qui sont arrivés, mais il y en aura d'autres. Moi j'y crois …

2023 :

Le temps des constats partagés

 

 

en filigrane, un constat d’échec ?

« Ce sont les pires conditions d’exercice de ma vie », … Il trouve « insupportable de ne pas pouvoir prendre en charge la population ». …

Nous sommes 8, dont un médecin en arrêt maladie et … [3] départs annoncés … d’ici 2025 auquel s’ajoute le départ du docteur Viguier, …

La démographie médicale nous inquiète, même si ce n’est pas nouveau.

Et les départs récents et ceux annoncés nous inquiètent fortement

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Comme de nombreux Mayennais, nous nourrissons beaucoup d’inquiétudes et avons certaines incompréhensions sur la pénurie actuelle et le devenir de la médecine libérale particulièrement déficiente sur notre territoire. Nos questions sont donc nombreuses ! Merci, s’il vous plait, d’y répondre.

Pourquoi autant d’annonces, non suivies d’effet ?

Comment expliquez-vous, malgré ce dispositif extrêmement puissant (« plus gros rassemblement
de professionnels au niveau national
») et l’investissement public très conséquent :

  • Que le nombre de médecin dans la communauté de communes, loin d’atteindre le nombre de 13, ait, au contraire, diminué suivant une tendance inverse, par exemple, à celles des territoires comme Gorron ou Meslay et plus globalement, le sud Mayenne,
  • Que « de jeunes confrères » n’aient pas souhaité profiter de cette organisation qui devait permettre de « faciliter les choses et d’anticiper, notamment, les départs à la retraite ».

Vos propositions pour inverser la tendance à Mayenne Communauté ?

  • Que proposez-vous précisément pour permettre d’arrêter l’hémorragie et assurer ainsi, aux Mayennais, une offre médicale enfin décente, puisque :
  • Vous semblez opposé :
    • au salariat des médecins. L’installation d’une nouvelle médecin, à Martigné, a été très compliquée et a pris du retard ; Alors que salariée de Mayenne-Communauté, qui a largement participé au financement du pôle santé, elle s’est vue refuser, par exemple, l’utilisation du même logiciel métier qui permet à chaque médecin d’avoir accès au dossier médical d’un patient dont le médecin traitant du territoire cesse son activité ;
    • à toute régulation, indiquant que la pénurie est partout en France et que cette proposition transpartisane, portée notamment par deux députés mayennais, est une « mesure électoraliste ». Pourtant, vous pointez, même à l’intérieur du petit département de la Mayenne, des disparités fortes entre le sud et le nord ?
  • Vous ne semblez pas, non plus, très favorable à :
    • L’installation d’une borne de téléconsultation*, à la pharmacie du pole santé, pour la prise en charge des patients, pour des soins non programmés, et dont les malades n’ont pas de médecins. Pourtant cela permet, ainsi, aux pharmaciennes, d’apporter une première réponse à la détresse voire à l’agressivité de certains malades, trop souvent, dépourvus d’autres interlocuteurs au pôle santé.
    • L’installation de médecin hors le pôle santé. Il semble, là aussi, que l’installation, par exemple, du médecin à Champéon n’a pas été un long fleuve tranquille et a connu des obstacles majeurs amenant même, à un moment, à la remettre en question.

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Dès 2024, il pourrait n’y avoir plus que 3 ou, au mieux, 4 médecins généralistes sur Mayenne, équivalent temps plein, pour un potentiel de 13. Gorron (4 fois moins d’habitants), à elle seule, a et aura toujours 4 médecins généralistes.

  • Ces perspectives très sombres, pour la santé des patients du territoire,
  • la recherche de l'intérêt général,
  • l’évolution très défavorable de la démographie médicale ,

n’imposeraient-elles pas, urgemment, de défendre toutes ces opportunités d‘améliorer, enfin, l’accès aux soins et ainsi de « pouvoir prendre en charge la population », comme vous le clamez ? En période de désertification ne doit-on pas utiliser tous les canaux pour favoriser un ruissellement minimal ?

Menaces d'exclusion de la SISA* pour la pharmacie, pressions fortes sur des soignants pour s'installer au pôle santé, freins à l’installation en dehors du pôle santé, boycott le jour de l'inauguration ... Considérez-vous ce climat comme le plus propice à attirer d'éventuels candidats à l'installation sur notre territoire voire même au pôle santé ?

*Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires (SISA) dans laquelle sont présents beaucoup des soignants de Mayenne et des environs.

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Quelles solutions ?

Quelle sont vos solutions pour que le dispositif annoncé comme le plus gros rassemblement de professionnels au niveau national ne laisse plus des milliers d’habitants de Mayenne Communauté,
sans solution ?

Quels soutiens attendez-vous de la collectivité ? Quand vous parlez de soutien attendez-vous, une nouvelle fois (déjà plus de 3 millions d’€uros d’argent public versés), un nouveau soutien financier de la collectivité pour ce pôle de santé, rappelons-le, libéral ? Dans ce cas, ne craigniez-vous pas d’infliger à vos concitoyens et aux contribuables mayennais la double peine :

  1. - Une offre de médecine très dégradée ;
  2. - Des impôts supplémentaires prélevés sur les ménages dans une période difficile financièrement pour beaucoup.
  • A l’opposé, rappelons que la pharmacie du pôle n’a été financée que sur fonds privés. Quel autre soutien attendriez-vous de la part de Mayenne communauté et des autres institutions pour que ce dispositif annoncé comme le plus gros rassemblement de professionnels au niveau national ne laisse plus des milliers d’habitants de Mayenne Communauté, sur le bord de la route.

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Le pôle de santé, un demi échec ?

Sur le site de Mayenne-communauté, on peut lire ceci : « Pensé pour faciliter l’accès aux soins des
habitants de Mayenne Communauté
… » Votre constat actuel sur la situation actuelle, très alarmiste,
dissone totalement avec cette phrase du site. Ne sonne-t-il pas comme la reconnaissance d’un demi-échec
de ce pôle, entré en service en 2019 ?

- Si oui, quelles en sont, selon vous, les principales raisons ?
- Si non, quelle valeur ajoutée a apporté le pôle santé, aujourd’hui, au territoire ?

Enfin, quels espoirs et à quelle échéance pouvez-vous donner aux trop nombreux Mayennais qui se désespèrent d’être privés de médecin traitant ? Comment arrêter cette dégradation de l’offre et améliorer enfin l’accès aux soins de vos concitoyens ?

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Docteurs, l’expression de ma considération distinguée.

Christian ROGER
Sans médecin traitant sur Mayenne communauté, Malgré de nombreuses démarches.

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Historique pôle santé

Les députés Mayennais Garot et Favennec en 1ère ligne sur les déserts médicaux et la nécessité de réguler l'installation des médecins en France
  • A propos de la rémunération des médecins libéraux, ICI un article très documenté sur Alternatives Économiques.
  • Michaela Müller-Trutwin, chercheuse à l'Institut Pasteur : "Investir dans la recherche, c'est un investissement pour le futur". Un Docteur, chercheur à l'institut Pasteur depuis 20 ans, gagne 3.000 € par mois  : voir un podcast de France Info

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Essai paru en 2019

Extraits sur la médecine de ville,  de l'essai paru en 2019, au moment de l'ouverture de ce pôle santé. Les prémices des problèmes actuels, contrairement aux déclaration dithyrambiques pointaient déjà.

Dans 3 chapitres que les 20 que comportaient l'ouvrage, nous avons abordé le problème, de la pénurie de soignants, notamment sur notre territoire, et la construction du pôle de santé. Retrouvez-en, ci-dessous les principaux extraits.

Chapitre 12 - Aux bonnes affaires mayennaises !

v Les pigeons de la Providence ou l'art de transformer le l’or en plomb, ou l’inverse ?

« Il n'y a pas le choix de transférer à la ville [la Providence]. L'état du bâtiment, acheté en 2010, [plus de 300 000 €]  n'a plus la même valeur qu'à l'époque. Mayenne Communauté fait plutôt une bonne affaire en le cédant [gratuitement] à la ville qui fait une bonne affaire en le cédant au promoteur, car il y aura certainement du désamiantage à faire. »

L'enfer est pavé de bonnes intentions

Le « gagnant-gagnant » appliqué ici par un vice-président, ou comment se refiler la patate chaude ? Question à plusieurs centaines de milliers d'euros : dans ce jeu de dupes, le dernier peut-il aussi être qualifié de winner ou de pigeon ? À moins que, si l'on en croit cette citation : “ Dans une bonne affaire, il y a toujours un pigeon ; si vous ne savez pas qui c’est, c’est que c’est vous ! ” En tant que Mayennais, avez-vous eu vraiment les informations objectives pour trancher ce dilemme ? Non ! Ah ? Autres questions suscitées par cette envolée philanthropique :Pourquoi le bâtiment n'a plus la même valeur qu'à « l'époque » malgré les 15 000 € dépensés annuellement pour son entretien ? Pourquoi un doute sur la présence ou non d'amiante alors que le bâtiment a été acheté en 2010 pour y faire le pôle santé ? Le diagnostic aurait-il alors été omis ?

S'en remettre à la Providence !

« Sans destination, il n'est pas de destinée. » « Dans le cadre de la réflexion autour de la création du Pôle santé, une étude de réhabilitation avait été effectuée », rappelle le directeur de la santé publique à la mairie… C’était peu convaincant et très onéreux. »

Mais alors pourquoi avoir acheté le bâtiment ? « Au regard de l’absence d’amortissement de certains biens, l'ordonnateur précise que certains biens ont été acquis sans connaître leur affectation future. » signale la Chambre Régionale des Comptes dans son rapport. Donc la collectivité achète et après avise.

Ce sujet, ..., montre un mode de gestion très inaccoutumé de la collectivité, et c'est un euphémisme. Bizarre, vous avez dit bizarre : On achète et puis on voit ensuite la destination possible. Explication donnée à l'époque : « On s'est rendu compte que le parking n'était pas suffisant pour accueillir tout le trafic des usagers potentiels. ». Le moment de stupéfaction passé, l'un d'entre-nous lève la main timidement, de peur de poser une question stupide : « Aurait-il diminué tant que cela au lavage depuis la signature de l'acte d'achat ? »

À vos neurones !

Plus de pôle santé à la Providence, alors que faire du bâtiment acheté 300.000 € qui reste sur les bras ? Un jeu de piste commence alors. Les neurones de tous les élus et techniciens sont sollicités et la petite fumée blanche apparaît enfin de la Providence : et si on y faisait un pôle tertiaire ? Il reste « pôle », cela permet de montrer que l'on garde le cap, même si la direction est un peu bipolaire. Mais là encore cette idée va sombrer dans le triangle des Bermudes de la municipalité, rejoignant ainsi beaucoup d'autres épaves déjà échouées.

Généralement, les mouettes font leur affaire des épaves, mais à Mayenne, nous sommes un peu éloignés de la mer ; alors ce sont donc les pigeons qui vont découvrir dans la Providence, un havre de paix, un jardin d’Éden. Ils y sont rejoints rapidement par une diversité d'adventices de toute nature, d’herbes folles. Ne dites surtout pas mauvaises herbes à un écologiste.

15.000 € sont consacrés, chaque année, depuis 10 ans, à entretenir leur squat. Ne jouons pas aux corbeaux de mauvais augure et prions pour que la « proposition d’habitat alternatif à destination des personnes de plus de 60 ans ou en perte d’autonomie » puisse prendre, cette fois-ci, un vrai envol, même si cela passe d'abord par la rubrique nécrologie : enterrements des projets de la collectivité et du bâtiment actuel. Puis suivra, prions pour lui, la résurrection par l'érection d'un nouveau bâtiment. Et là, lors de la coupure du ruban, les élus se précipiteront pour se féliciter de l’aboutissement « d’un projet structurant, nécessaire au dynamisme de la ville et blablabla... ».

Le tonneau des Danaïdes

L’obsolescence non programmée

C'est ainsi que les élus font des choix, au coup par coût, sans véritable réflexion de fond. Cela crée un effet siphon emportant les flux du centre-ville. Ainsi fond son activité malgré les fonds investis.. D'abord, l'école de musique et la bibliothèque quittent le centre-ville. Le seul équipement qui reste est le cinéma. Encore heureux que ceux qui voulaient le mettre à côté du pôle culturel n'aient pas été suivis !

Ensuite, les médecins et trois pharmacies vont vers le pôle santé. On peut s'interroger, par exemple, de l'intérêt, pour la ville d'avoir déroulé le tapis rouge aux médecins de St Martin pour les inciter à rejoindre le pôle santé. Ceux-ci étaient parfaitement organisés et contribuaient à animer et à structurer le quartier St Martin. Ils rendaient aussi un service de proximité. De même, les pharmacies drainaient un flux de près de 800 personnes par jour.

C'est ainsi que petit à petit on a siphonné le trafic du centre-ville en en laissant partir toutes les locomotives, sauf le cinéma, qui pouvaient entraîner du flux. Rien n'est venu pour l'instant compenser ces départs. Heureusement que le château n'était pas délocalisable, car certains esprits l'auraient bien vu, près de la déviation par exemple, pour qu'il gagne en visibilité ! C'est le serpent qui se mord la queue, car à leur tour, les commerçants vont s'installer près de ces nouveaux lieux de flux.

chap 16 - la folie des grandeurs

... Le Grand Nord, le Centre aquatique, le Pôle de santé libéral, l'esplanade et le boulevard François Mitterrand, le Retail Park… autant dire que pour ces nouvelles constructions, la demi-mesure n'a pas été de mise, tout au moins dans leur appellation. Les dénominations de ces bâtiments ont toutes été affublées d'un qualificatif marquant leur ampleur : grand, centre, pôle, esplanade, boulevard, park, …

Les yeux plus gros que le ventre

Mayenne a la spécialité, mais pas l'exclusivité, de faire des projets surdimensionnés. Cet esprit très centralisateur qui caractérise des élus, à la fibre BTP, à la sensibilité bétonnière, qui aiment respirer l'odeur du béton ou du goudron, que la vue d'une grue remplit de bonheur, que l'idée de couper un ruban le jour de l'inauguration rend frénétique et dont le leitmotiv est « Quand le bâtiment va, tout va ! »

Maison de l'enfance, Pôles culturel ou de santé, centre aquatique : nous rappelons que nous sommes favorables à développer ces offres de services. C'est bien du caractère de la réponse, plus matérielle qu'humaine, dont nous discutons. On est plus dans l'abondance jouissive que « vers la sobriété heureuse », chère à Pierre Rabih ! Cette course frénétique au gigantisme fait le bonheur des bétonneurs, mais pas forcément celui des usagers et encore moins celui des contribuables.

À l'image de la petite enfance, pour ce pôle santé, c'est l'accès au service qui compte pour les Mayennais. Le fait « d'être dans le trio de tête en France, en nombre de professionnels représentés », dans un grand bâtiment, importe peu aux Mayennais. Ils veulent de nouveaux médecins et d'autres spécialités absentes sur le territoire. En février 2008, J.-Y. Quinio mettait pourtant déjà en garde : « Il ne suffira pas de réaliser ce pôle de santé pour résoudre le problème de la démographie médicale. ». Si, comme nous le craignions, ce sont essentiellement des déménagements, on peut alors s'interroger sur la valeur ajoutée pour la collectivité.

Le pôle santé ?

  • J'étais tranquille j'étais pénard
  • Accoudé au comptoir
  • Le bétonneur est entré dans le bar
  • A commandé un café noir
  • Pis y m'a tapé sur l'épaule
  • Et m'a regardé d'un air drôle  T’veux ton pôle santé
  • Détruire et reconstruire
  • Donne-moi la monnaie
  • Moi, j'ai pas de travail
  • Ça m'en ferait un de taille
  • L’hiver basse consommation
  • L’été à fond la climatisation
  • Moi je lui dis, laisse béton

La carpe et le lapin

Au 1er janvier 2018, la densité médicale est de 270 médecins pour 100 000 habitants. Si Paris compte 678 médecins, le département de La Mayenne en compte seulement 175 pour le même nombre d'habitants. La Mayenne est ainsi dans les 3 dernières places, juste après l'Eure et l'Ain. Et que dire du Nord-Mayenne ?

En 2008, à ma gauche, un élu très BTP et nostalgique du centralisme démocratique à la soviétique, à ma droite, un médecin libéral, syndicaliste : ce cocktail, a priori détonnant, forme le mariage parfait pour construire un des plus gros pôles de santé de France. Que les patients dorment tranquilles, ils ont la potion miracle aux problèmes de pénurie de professionnels de santé sur le territoire.

Vous le valez bien !

84 % des Français sont favorables à contraindre le lieu d'installation des jeunes médecins. Cette astreinte existe pour d'autres professions médicales et pour tous les fonctionnaires. La mesure est portée avec panache par M. Garot, le député mayennais.

Au nom de la défense du patient et du territoire, comme Édouard Leclerc parle au nom des consommateurs, le représentant du syndicat national des médecins libéraux, y est farouchement opposé. Sa solution, après un très grand pôle de santé qu'il a téléguidé : incitation très forte des professionnels à le rejoindre. Mais après les seuls déménagements, les nouveaux arrivants se font attendre.

Il faut aussi augmenter le prix de la consultation. Selon lui, avec une consultation à 25 €, un libéral n’est plus en mesure de payer ses salariés. Rappelons que le revenu moyen net par mois d’un médecin est de 6 800 €. Et si comme il le dit, il travaille 65 heures par semaine, il doit exploser ce chiffre. « Non, Non, en faisant 65 heures par semaine », ajoute-t-il, « on peut donc diviser le salaire par 2, ça fait 3 300 € pour 35 heures, si vous trouvez que c'est normal pour 10 ans d'études ». Mais qu'il se rassure, les loyers, très très bien négociés, sont modiques. C'est moins cher au m2 qu’un appartement de Mayenne au 1er étage, sans ascenseur, comme était son cabinet avant. Il devrait donc pouvoir boucler ses fins de mois, même pour février qui ne fait que 28 jours.

Et ce, d’autant plus, que ses colocataires et lui ont réussi, joli tout de passe-passe, à transférer le loyer d’une salle de réunion de 400 m2 à la communauté de communes. Belle opération qui en annonce d'autres certainement. Geste altruiste, certainement pour rendre service à la communauté qui, comme chacun sait, manque de salles de réunion ? Pour faire pression, et obtenir gain de cause, leur installation au pôle a même été retardée. Mais de ça point d’écho nulle part.

Ça va faire mal

Puisque ça marche, pourquoi ne pas continuer à presser le citron public ? À quand l’accueil, le secrétariat et les vigiles, pour calmer les patients trop impatients, le tout financé par la collectivité ? La moitié du pôle a été financée par de l'argent public. Malgré cela, ce pôle est qualifié de « libéral ». Les locaux appartiennent aujourd’hui à Laval-Mayenne-Aménagements (LMA), « un  montage financier réussi », affirme le maire. Il indique « nous sommes en train de régler les problèmes de chaleur... » : 40° cet été dans la salle s’attente !

La caisse en surchauffe

Le maire annonce un investissement supplémentaire pour ce bâtiment basse consommation, de l’ordre de 100.000 €. Deux questions :

  • En mettant de la climatisation, le bâtiment va-t-il encore être basse consommation ?  
  • Quid de la charge nouvelle (qualifié d’investissement) de 100.000 € supplémentaires ? La patate chaude, pour la collectivité ou le propriétaire, LMA ? Il y a une réponse logique, mais allez savoir ?

Dans le budget 2019 de la communauté, une nouvelle ligne de dépenses apparaît : indemnité pour la non-occupation des locaux du cabinet médical Saint-Martin. En effet, pour convaincre les médecins d'intégrer la grande cathédrale du pôle santé, la collectivité devra payer les locations de leur cabinet tant que des locataires n'auront pas été trouvés. Pourtant, en 2014, voici ce que déclarait le médecin coordonnateur du projet : « Notre principal souci est la maison médicale Saint-Martin. Les médecins veulent pouvoir la vendre, sans perdre d’argent, et là encore, la collectivité ne paiera pas, mais aidera sûrement à la vente. Il n’a jamais été question de compensation financière. Une fois ce problème passé, nous ferons signer les lettres d’engagements. »

Le libéralisme à la sauce mayennaise

À Mayenne, le libéralisme a pris un tournant sévère avec ce pôle : les charges sont socialisées au maximum, mais de façon démocratique et pour le bien commun. Les recettes et les profits eux demeurent privatisés. Les PP, fameux partenariats Privé-Public sont un jeu simple : un élu et un chef d'entreprise se disputent la victoire et à la fin, c'est le Privé qui gagne ! Espérons que les patients ne soient pas les spectateurs impuissants de ce match dont le contribuable sort toujours perdant ! (cas du MMArena, le stade du Mans).

En suivant le processus de mise en place du pôle, on peut, au minimum, s'interroger aussi sur cette déclaration de 2005, de l'élu mayennais : « Situation dramatique de la démographie médicale ; s’il n’y a pas de mesures contraignantes pour installer les médecins, cela ne suffira pas ! » On a vu des mesures coercitives plus terribles que celles citées ci-dessus. Il est vrai que sa proposition, par exemple de régulation des installations, est du ressort de l'État. Mais M. Hollande n'a-t-il pas gouverné pendant 6 ans ? Pourtant face au lobby médical, dont un titulaire national est mayennais, les élus fond le dos rond.

Les fausses valeurs ont la cote !

« En politique, dans le syndicalisme,… les fausses valeurs ont la cote. Elles se sont faufilées et imposées dans tous les recoins de la société, tels des envahisseurs d'un nouveau genre : les imposteurs sont parmi nous… Ils nous envoient dans le mur en prétendant nous sauver de la crise... ». Ce constat, cinglant, n'est pas nouveau : « Rien n'est plus proche du vrai que le faux », écrivait Einstein ! Quant à Molière, il disait déjà : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute. »

Des difficultés de fonctionnement

… Achèteriez-vous une maison neuve sans vous interroger sur les charges de chauffage, d'électricité, de copropriété, les impôts locaux, etc. ?   Dirigeons-nous vers le pôle santé, ancienne gendarmerie. Elle pouvait être rénovée à un coût très modéré pour y faire de l'habitat. Non seulement recycler est plus conforme aux préceptes du développement durable, mais il y avait là une formidable opportunité d'offrir une vingtaine d'appartements à un prix tout à fait raisonnable et dans un emplacement proche du centre-ville.

Avait même été évoquée une résidence pour seniors. La  Providence a été achetée initialement pour y implanter le pôle santé. Mais changement de direction, la Providence est remisée au placard. Le site de l'ancien hôpital déjà sans destination à l'époque, et dont on commence seulement à se préoccuper en 2019, n'est même pas évoqué. Il peut également s'agir de bâtiments récents : la nouvelle ancienne maternité a fonctionné moins de 20 ans. Quel gâchis !

Mais pour la responsabilité, rendons à César ce qui appartient à l’État. Ce site présente déjà une voirie et du stationnement. Au lieu de cela, pour construire ce pôle, on détruit l'ancienne gendarmerie, avec l'obligation de revoir tout son environnement et la voirie. Mais une bonne raison est invoquée : « elle était bourrée d'amiante. ».

Vendre la peau de l’ours

« Deux trappeurs, fort à court d’argent, par un joli matin s’en furent chez un de leurs amis marchands, tenant boutique de fourrures. « Nous avons de la marchandise », dirent-ils après les bonjours.  Ils sortirent de leur valise une magnifique peau d’ours. C’était le roi des ours au compte de ces gens. Foin du vison, des zibelines, de l’astrakan et de l’hermine, L’ours était bien plus rare et bien plus élégant.  Mais l’ami fourreur n’en eut cure. Inébranlable comme un roc, il disait : « Gardez vos fourrures, je n’ai que trop de stock, et n’achète plus maintenant que si j’ai déjà le client. C’est là le secret des affaires : Pour bien réussir, il faut se garder, dit-il aux compères :  

1° De tuer l’ours avant d’avoir vendu sa peau. 

                2° De vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ? »

Quelle démarche choisissez-vous ?

À Mayenne, la tradition ancestrale est perpétuée, on continue à tuer l’ours avant d’envisager éventuellement et possiblement de vendre sa peau. Désolé Jean, (de La Fontaine), de prendre à revers la morale de votre fable, mais ici nous préférons nettement celle du « Chat et du Renard » :

  •  Le trop d'expédients peut gâter une affaire ;
  •  On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.
  •  N'en ayons qu'un, mais qu'il soit bon.

24 - Le flop des flops

v Pôle santé, le futur Flop ?

Le flop acté, celui de la redevance incitative, a retenti dans la communauté de communes de Mayenne. Mais l'ampleur du séisme, même circonscrit à ce territoire de 600 km2, est telle que, plus qu'une radioscopie,  nous proposons une autopsie : comprendre, a minima, comment on a pu en arriver à un tel désastre ? ...   

Un vœu très fort

Si, dans 6 ans, en 2025, ce même ouvrage devait être réédité, (« 25 ans dans la comédie, le retour »), nous avons deux souhaits :

  1. que ce chapitre « Le flop des flops » soit inutile.
  2. Et surtout que l'on n'y trouve pas le pôle santé dont la conduite du projet, fait écho aux travers rencontrés ci-dessus.

Pôle santé, le futur Flop ?

Nous avons toujours été favorables à construire un pole santé. Nos réserves émises publiquement et régulièrement par M. Quinio, dès le début, en 2007 étaient les suivantes : Attention à la démesure ; construire un grand bâtiment ne suffit pas !

La course à l’échalote que ses promoteurs ont menée n'a de sens que si elle bénéficie aux usagers. Or le projet annoncé comme essentiellement médical ressemble de plus en plus à un projet uniquement immobilier. Espérons que d'ici là, une preuve contraire sera donnée qu'il n'y avait pas de raison de trop s'en inquiéter et que le maire avait raison d’être dans la rassurance : « Nous sommes fiers de ce projet ... il convient tout de même de marquer d’une pierre blanche cette inauguration, un  montage financier réussi... C’est une structure unique qui attire déjà les professionnels de santé. »

Cette dernière affirmation est très optimiste, car si nous regardons le solde net sur Mayenne, il est négatif. Nous partageons donc complètement les inquiétudes et interrogations émises par le Président d'Audace 53 dans l'interview du Courrier de la Mayenne : « … le pôle de santé, on nous l'a vendu comme la solution. Mais ce n'est qu'une solution parmi d'autres. Moins d'un an après l'ouverture du pôle de santé de Mayenne, la grogne des Mayennais se perpétue en raison du manque de médecins… »

Effectivement quatre médecins sont partis pour une seule arrivée. Plus de six millions d'euros, dont 50 % d’argent public, déboursés pour un pôle santé affiché « libéral ». Des professionnels libéraux qui s’offrent pourtant le luxe de boycotter l’inauguration. Ils ne supportent pas que leur soit rappelé leurs engagements d’accueillir des patients non programmés.

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